Le fil conducteur des différents projets de Massimo Furlan est la biographie. Une histoire simple et banale, celle d’un enfant de parents italiens, né en Suisse, celle d’un adolescent comme un autre. Il n’y a aucune volonté de parler de soi pour soi, comme quelque chose de particulier. Les souvenirs évoqués sont ceux de tous, ceux d’une génération tout au moins, née dans le milieu des années 60. Le travail est centré sur la question de la mémoire. Les projets naissent d’une image-souvenir : la photographie d’un chanteur qui se trouvait dans la chambre de la sœur ("Je rêve/je tombe" et "Live me/Love me") ; les moments pendant lesquels, enfant, il jouait au football seul dans sa chambre en écoutant les matchs à la radio ("Furlan/ Numero 23" et "Numéro 10") ; ou bien quand, avant d’aller au lit, il était en pyjama avec un foulard autour du cou et qu’il s’imaginait être un Super héros ("(love story) Superman") ; ou encore, lorsque adolescent il tombait amoureux d’une fille et ne savait que lui dire ("Gran Canyon Solitude", "Les filles et les garçons"). Tout part toujours d’une anecdote, petite histoire vraie, constituée d’éléments simples. De l’anecdote, on passe au récit, à la construction de la fiction.
Ne se posant pas la question des limites entre les genres, ses performances sont constituées « d’images longues ». Ce sont des images quasiment immobiles. Avec des actions très simples (un geste, un mouvement, un regard) qui restent longtemps devant le spectateur et l’oblige à entrer, à s’activer, et à mettre du sens : à construire son propre récit.
Au fil de ses travaux, Massimo Furlan questionne l’acte de la représentation : il revisite les icônes, aborde la question de l’échec et de l’écart entre le modèle et le vivant, produisant par là un effet burlesque et poétique. Il réunit autour de ses projets des interprètes aux trajectoires diverses, allant des professionnels de la scène aux amis les plus proches.