d'après les romans graphiques d'Alessandro Pignocchi
Imaginez un monde dans lequel les hommes et femmes politiques préfèreraient faire le guet pendant des heures pour observer les oiseaux rares et aller chasser le coati avec les Indiens d’Amazonie plutôt que l’exercice du pouvoir ;
un monde où les dirigeants préfèreraient s’occuper de leur potager et se rendre à leurs rendez-vous internationaux à vélo plutôt qu’en voiture pour éviter d’écraser les hérissons même si cela doit leur prendre des mois ;
où les plantes et les animaux auraient les mêmes droits que les humains au point que la légalisation de l’union libre et consentie entre un homme et une papaye, par exemple, puisse être une question sérieusement débattue.
Un monde où l’opposition nature/culture serait abolie et où la pensée dominante pencherait du côté de l’animisme.
C’est ce type de situations absurdes que l’auteur Alessandro Pignocchi dépeint dans ses romans graphiques « Anent », « Le petit traité d’écologie sauvage », « La cosmologie du futur », « Mythopoièse » et « La recomposition des mondes », « juste pour faire rire mes potes », dit-il, et aussi « parce que ça fait du bien d’imaginer des fictions où les changements qu’on voudrait voir dans le monde ont lieu ».
Et c’est notamment cet aspect-là qui m’intéresse particulièrement : quelles sont ces fictions à créer, à construire qui permettent de traduire les impasses civilisationnelles dans lesquelles nous nous trouvons sans pour autant se laisser envahir par la morosité du monde. C’est une manière d’œuvrer pour désincarcérer le futur et ouvrir les imaginaires vers un demain encore bourgeonnant.