“…. Le batelier alors affirma: Ne nous arrêtons pas,
Sans nous méfier nous pourrions sombrer ;
Les iles ne sont que vain songe,
Et point la terre ferme où arrimer,
Mais pièges mouvants qui naviguent
Sans fin le long des eaux, pour nous leurrer ;
Elles sont appelées Errantes, au large enfuis-toi, allons,
Que de voyageurs avant toi y ont trouvé
Triste mort ou grand dommage ;
Jamais plus ne retourna de ce rivage
Qui le pied y posa
Condamné à toujours errer, dans le perfide doute… »
Galapagos, Herman Melville
La nécessité du mouvement. Ne pas s’arrêter et ainsi, ne jamais arriver. Savoir que notre art, et notre vie, se nourrissent du changement, du mouvement perpétuel. Nous respirons ce zéphyr de douce légèreté qui nous incite à repartir de là où nous nous étions exactement arrêtés, pourvu qu’il n’y ait pas de fin, pourvu qu’il y ait toujours ce mouvement perpétuel qui fait de nous des êtres vivants, mais encore, des artistes à la non recherche d’une terre ferme à laquelle s’arrimer. Notre désir fou est alors celui de raconter l’impossibilité d’arriver, le départ à chaque fois renouvelé sans descendre ni aborder, pour rester vivant…
… et le Naufrage m’est doux dans cette mer.
Giacomo Leopardi