Nous ne faisons que passer.
Nous ne faisons qu’avancer.
Quoi qu’il arrive, vers d’autres temps, d’autres lieux.
L’escalier symbolise par ses marches toutes les étapes, la succession d’instants qui bout à bout deviennent le temps.
La succession de lieux qui rassemblés tracent l’espace.
La succession d’émotions, d’événements qui ensemble font une vie.
Un départ et une arrivée.
Une naissance et une mort.
Un envol et une nouvelle vie.
Nos corps, dans cet espace de transition d’un état à un autre, évoluent en fonction de nos vécus. C’est ici que nous choisissons de nous situer, d’observer, de chercher, d’expérimenter : là où l’enjeu est de taille car il sous-tend bien souvent la question du choix. Le dilemme de l’avant ou de l’après, du haut ou du bas.
L’engagement de nos corps et le but dans lequel nous devenons usagers de ce mobilier marquent les flux et les circulations, la vitesse et les positions.
Quelle trace laissons-nous à l’autre ? À celui ou celle avec qui nous venons de partager un bref instant d’intimité soit par le regard, soit par le toucher ? D’où vient ce frisson qui nous parcourt ? Comment poursuivons-nous notre chemin chargés de cette énergie ? Pourquoi nous retournons-nous ? Et peut-être simplement qui sommes-nous dans tout ce tumulte ?
Il s'agit d'un duo de portés et de mouvement que l'on souhaite jouer exclusivement dans des escaliers. Cette proposition artistique se réécrit à chaque nouveau lieu.
Nous partons de l’espace, des usages et usagers, des flux, des circulations pour y réintégrer notre canevas d’écriture.
Nous nous adaptons aux escaliers rencontrés avec pour première pensée celle de ne pas modifier l’environnement immédiat mais plutôt d’en révéler l’identité architecturale, urbaine.
Nous nous attachons au quotidien de ces escaliers et des personnes qui les traversent. Des histoires qui lient les marches de pas foulés et des traces laissées.
Nous accordons beaucoup d’importance à la place du public dans cette création. Ce que nous lui donnons à voir. Nous aimerions qu’il puisse adopter différents points de vue en se déplaçant à des moments précis du spectacle. Elargir son champ de vision.
Il sera alors guidé dans ses déplacements et participera lui-même à la création de flux et de circulations dans l’espace. Nous lui proposons un itinéraire à suivre à partir d’une carte. Chaque itinéraire est unique.
Le public sera peut-être alors amener à des rencontres, des mises de distance, des carrefours, des pauses, des prises de position, des changements de perspectives. Un cheminement en somme, pour tenter de se rapprocher de nous, de nos questionnements.
Il nous semble essentiel, parfois, de changer d’angle, de varier le point de vue, de prendre de la hauteur, pour ne pas s’enfermer dans nos préjugés, nos habitudes, nos certitudes.
Pour prendre le risque d’une rencontre, fortuite ou non. Pour percevoir l’espace, les lignes et les vides qui nous guident, nous accueillent, nous rejettent. Il y a toujours une multitude de chemins à suivre, une infinité de possibles… Et tout autant de routes à croiser.