Trois individus débarquent avec pour seuls bagages leurs instruments.
Ils semblent sonnés. Comme s'ils se relevaient d'une chute sévère après un long vol plané.
Ils écoutent leur cœur battre, leur souffle, celui de leur voisin, le pavé qui craque, le bruissement des feuilles, la réverbération des murs de pierre, les nuages qui passent...
Ils ont épuisé le sérieux, le raisonnable, ils traversent l'absurde pour trouver l'indispensable.
Et alors que le monde bascule,
les sons et les mots qui leur viennent, ruines de Babel, cherchent désespérément la larme qui éteindra l'incendie d'une société burn-out-ée;I
ls n'attendent plus d'être philosophe pour philosopher
d'être chamans pour s'inventer des cérémonies visionnaires,
d'être chinois pour avoir recours au feng shui ou au yi king,
d'être non-violent pour communiquer,
d'être géorgiens pour chanter des polyphonies,
d'être heureux pour rire, d'être sensible pour pleurer...
D’être collapsologue pour manger la vie avec les doigts
LE CIEL LEUR PARLE MAIS IL N'ARTICULE PAS
Ils se lancent ainsi dans un drôle de ballet,
absurde et haletant,
où se mêlent musique,
portés acrobatiques sur accordéon
ou contrebasse, chants polyphoniques
fêlés de silences impromptus,
latin de Montaigne rappé, vraies ou fausses larmes, transes en tout genre...