«Fougues» est la rencontre avec un jeune homme, Icare, lors de sa cavale. Il vient se réfugier dans son ancien quartier. Sous l’impulsion de Jimmy, son musicien imaginaire, commence son parcours dans son ancien quartier. Dans sa fuite, à travers ses rencontres et en repassant dans les lieux de sa jeunesse, il éprouve le besoin de se raconter. Dans une parole enthousiaste, poétique et pleine de dérision. Nous le découvrons alors sous toutes ses facettes à la fois charmeur, violent, révolté, méfiant, tendre et en colère.
Cette déambulation s’apparente à un rite initiatique où la parole lui permet de devenir maître de son histoire. L’intimité d’Icare se dévoile de rue en rue, il incarne le caractère précieux de la jeunesse et l’importance d’en préserver la richesse. C’est en quoi Icare résonne universellement et ne se résume pas à un garçon à la marge. Même si son parcours est atypique.
Les espaces de la rue deviennent les siens, ses coins. Il y a laissé des traces, des mots, des histoires. Il rejoue les scènes comme si elles s’étaient passées dans ces mêmes lieux. Son âme d’enfant est encore là, elle escalade les bosses du bitume, elle coule dans les plaques d’égouts et redevient solide debout sur un banc. Il tape dans les murs. Frappent aux portes sans relâche d’anciens amis partis depuis longtemps. Ses histoires vont s’ancrer dans la rue. Elles y ont leurs racines. J’ai souhaité raconter son parcours à travers l’espace public. Les espaces sont moteurs de narration. Ce sont eux qui pousseront Icare à se raconter.
Le récit est nourri de toutes les personnes que nous avons rencontrées grâce à notre processus de création. Le fruit de ces rencontres crée le cœur du projet. Son battement. Ce qu’il semble urgent de dire. C’est en se laissant toucher par ces entretiens, ces regards, que l’histoire d’Icare est née.
Dans cette nouvelle création, je cherche à comprendre comment nos humanités rassemblées vont cheminer ensemble et ce que cela peut raconter du monde. Comment les mots entendus, les paroles «jeunes» vont se marier avec mon écriture. Comment ces mots-là vont devenir universels et toucher les spectateurs de tous âges, de toutes situations.
Dans son échappée, Icare fait des rencontres. Clara, une jeune voisine dont il ne se souvient pas mais elle avait portant une vue plongeant sur l’appartement d’Icare et sa mère. David, un homme qu’il croise et qui raconte sa délinquance passée. La fantomatique Madame Rosier, la dame de cantine qui aurait voulu le kidnapper. Son ancien voisin pied noir qui l’a dénoncé pour des broutilles et qui raconte à son tour sa jeunesse pendant la guerre d’Algérie. Monsieur Tanis, l’épicier du quartier, sa cousine qui lui rappelle des souvenirs, sa mère, celle qui l’a dénoncé, dont il passe son temps à dénigrer. Et puis tous les autres qu’on ne voit pas mais dont il nous parle, son père, Diane sa première amoureuse, le beau père qui cognait dans le tendre, et ses potes Marco et Illies.