Un repas en amoureux, une révélation à faire, un enfant difficile… Trois situations familières mais qui prennent soudain des proportions explosives, et c’est l’embardée. Le couple dérape sans garde-fou dans un duel acharné, tous les excès sont permis et le verbe fait mouche, gifle et bascule. Le rythme du dialogue se resserre, s’accélère puis se précipite à toute allure vers le point de non retour, le point de « rupture », et l’absurde jaillit dans un rire libérateur : De Vos a encore frappé. Frappé juste. Dosant avec son aisance habituelle le quiproquo, la provocation, le coup de théâtre, la tension et le rythme, il nous offre avec cette pièce trois savoureuses ruptures contemporaines.
Dans le conflit à la De Vos se pose tout de suite la question de la limite. Il n’y en a pas. Ou plutôt il n’y en a qu’une, et c’est l’absurde, dans toute sa démesure. Révélateur sans appel de nos logiques sentimentales, où les failles deviennent brusquement des gouffres qui engloutissent rageusement le couple, où les règles conjugales se dérèglent, et où les amants s’entre-dévorent dans un déballage à l’amiable de leurs sentiments les plus cyniques… Dénonciation d’une société dont la froide radicalité résonne au cœur du couple, révélant une forme de « gestion » de l’amour. Ici, l’amour n’est pas passionnel, c’est la rupture qui l’est. Un déplacement des valeurs qui génère une distorsion, une dysharmonie de l’intime.
Scénographie
Au service du dialogue, une scénographie sobre, dépouillée : un repas, un lit, des éléments symboliques rattachent la scène à un quotidien commun, insignifiant, presque banal, contrastant avec la chute brutale dans le registre de la disproportion, de l’ubuesque.