Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace.
Il se mit à courir espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les pavés étaient humides et ses bras battant l’air n’ont pu le retenir.
Dans sa chute il comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber.
Pierre Reverdy, La saveur du réel (1915)
Nous avons été dans la rue et, dans un délicat mouvement, nous avons commencé à soulever, porter des inconnus. Cette expérience, nous a permis de réaliser la puissance de la mémoire sensible de chacun.
Tous, partageons ce vécu d’avoir été porté dès nos premiers instants et dans cette mémoire résonnent les sensations d’insouciance, de confiance et de tranquillité.
Combien de temps depuis sans avoir été porté ?
Notre intention est de prendre dans nos bras la gravité de l’autre, pour l’inviter à un bouleversant voyage dans ses mémoires.
Plus loin, nous croyons qu’en révélant ces mémoires intimes, celles-ci nous révèleront à leur tour quelques bribes d’une mémoire collective. Celles d’une place, d’un lieu chargé d’histoire, celles d’un quartier auxquelles nous espérons apporter notre pierre.
C’est aussi évidemment dans le dialogue avec les opérateurs culturels et d’autres structures locales que nous trouverons le meilleur espace-temps pour concevoir ce que nous appelons nos “architectures sensibles”.