Encore la vie pourrait être la traduction littérale et maladroitement touchant de « Still life » qui signifie « nature morte » en anglais. Les natures mortes, qui ne représentent que quelques fruits dans un peu de vaisselle, occupent une place particulière de par l’expérience à laquelle elles invitent le spectateur.
L’extrême banalité du sujet dont on exclut toutes les séductions liées à l’acte de représenter, loin du spectaculaire, du pittoresque, instaure une relation singulière avec celui qui regarde.
L’objet représenté, lui-même, sans beauté particulière, n’est pas au centre de ce qui se joue entre l’œuvre et le spectateur et qui se trouve ailleurs.
Plus rien ne vient distraire l’attention de l’essentiel, c’est-à-dire, la peinture en elle-même, du geste qui est porté à l’attention, de l’action de l’artiste sur sa matière, de la trace de son travail d’homme ou d’artisan en prise avec son matériau.
Au cours de notre travail avec l’Ensemble TaCTuS, nous faisons de cette posture esthétique le début d’une rencontre possible entre musique et jonglerie.
En plongeant dans la sensualité et la richesse évocatrice de nos domaines respectifs, notre sujet se réduit à la familiarité, à la banalité, d’une balle que l’on échange de main en main, à l’humilité d’une baguette venant frapper un cercle métallique ou une peau tendue sur le bois.
Au cours de notre travail commun, nous avons cherché à construire un objet qui tiendrait par la force de son style et sa capacité à éveiller l’attention du spectateur, à susciter son désir, en refaisant avec nos médiums respectifs l’expérience de leur pouvoir d’évocation.