Sédimenter un imaginaire collectif
Comment, dans les remous de nos existences contemporaines, faire le choix du «consommer local», lorsque le produit que nous chérissons le plus se cultive à 600km de notre porte ? Voici l’une des nombreuses interrogations, contradictions auxquelles notre civilisation moderne est confrontée quotidiennement. A l’heure du dérèglement, du scepticisme généralisé, du populisme et de la défiance, la société libérale autrefois berceau de rêves de progrès semble se réveiller avec une gueule de bois tenace.
Pour rassurer, pour accueillir, et pour quitter enfin le registre de la peur, « il faudrait être capable de réussir deux mouvements complémentaires que l’épreuve de la modernisation avait rendu contradictoire : s’attacher au sol d’une part ; se mondialiser de l’autre ».
De cet attachement au sol, et à sa potentialité à constituer le ferment du vivre-ensemble, à receler des trésors partageables, à cultiver des histoires rassurantes, nous voulons en tisser le fil d’une proposition mêlant théâtre, spéléologie urbaine et gastronomie.
Il s’agit a travers cette prise de parole à fleur de trottoir, de convoquer intellectuels, récits et alternatives pour contempler les nouveaux paysages de notre modernité au coeur d’un monde globalisé mais non dénué d’optimisme.
Cette exploration urbaine sera l’occasion de découvrir que nos villes rétrécissent un peu plus chaque année, que nous pouvons épaissir le goût des choses et qu’il existe une étroite affinité entre les huitres et les mammouths.
Faire fleurir des récits qui nous lient les uns aux autres.
Sur un ton à la fois tribunicien, humoristique et politique, et au fil de péripéties spéléologiques, Ostréa Odulis raconte l’odyssée subaquatique de deux amoureux de la mer, contraints, par la force du déracinement, à cultiver leur lopin d’eau iodée au plus proche de la rumeur de la ville. En implantant une culture ostréicole dans les nappes phréatiques cette proposition cherche à tisser un lien durable entre le dessus et le dessous, entre le réel et la fiction.
Construit comme une tribune collective et hospitalière, cette alternative urbaine propose d’épaissir nos terroirs et enrichir en oligo-éléments les zones les plus reculées de France.
Ostréa Odulis part de l’existant pour tendre vers la fiction, tant dans le jeu d’acteurs, que dans le lieu de monstration. La décontextualisation d’une grille d'égouts, d’un puit, d’une rivière créer un hors champs des possibles. Le récit devient alors un lien durable, une attache qui permet d’associer une population à son devenir collectif. S’appuyant sur la spécificité du lieu de la performance pour établir un diagnostique territorial, cet événement déploye un lieu de parole partagée et devient alors prétexte à parler de nos manières d’habiter le monde et notre environnement.
Ce détournement de situation propose plongée dans les flots de nos quotidiens,
un pas de côté pour transformer durablement les souterrains de nos cités en tables
d’hôtes, et nos nappes phréatiques en Côtes-d’Armor