Racine(s)

Explorant successivement les espaces naturels extérieurs et la scène des théâtres, la compagnie a développé ce projet artistique de cirque, chant et musique, sous la forme d’un diptyque dont les versions se sont simultanément complétées et enrichies. In situ ou dans la boîte noire, la poésie occupe constamment une place centrale.
Dans une étendue désertique hors du temps, où l’on s’attendrait à voir surgir le Petit Prince ou Godot, deux silhouettes apparaissent. Elle vient d'ailleurs, il est là. De cette rencontre un regard s'ouvre et nous dévoile une histoire, éclats d’images aussi intimes que communes. Entre corps et voix une fresque se dessine, comme une réminiscence, un écho lointain, un rappel à la mémoire de ce que nous avons toujours porté en nous, une allégorie du monde. Nomade, immigrante ou voyageuse... c’est sa terre natale qu’elle porte avec elle, en elle, pour seul bagage. Sa terre-valise s’ouvre, puis tombe, dessine son chemin et prend racine(s) à nouveau. Dans une main, la terre, dans l’autre une corde qu’elle serre, perd, retrouve, agrippe. Elle en joue comme d’un lien à sa terre, une attache dans un ailleurs suspendu. Entre l'ici et l'ailleurs, entre prise et lâcher prise, entre terre et air, ils tracent tous deux une vie en mouvements harmonieux ou désaccordés dans un souffle mêlé de voix étrangères. Alors, dans la trace de leurs pas sur la terre, dans la trajectoire de ce corps et de cette voix dans l’air, leurs accords livrent un poème visuel et sonore d'une pureté brute et organique.